domenica 6 settembre 2009

Ageltrude fille de Roi Adelchi, soeur de Roi Poto dit Roi Adelchi ou Radelchi

Ageltrude, glorieuse impératrice
Auteur de cet article : Marco Graziosi – traduction d’Elisabeth de Moreau d’Andoy

Ageltrude, glorieuse impératrice




Ageltrude, glorieuse impératrice[1]

L'impératrice naquit à Bénévent, on ne sait pas quelle année, fille du prince lombard Adalgis et de sa femme Adeltrude[2]. Durant la désastreuse entreprise de Bari en 860, Adalgis fut défait par le féroce émir Saudan (dit « Sage de Bari »), contraint de lui payer un tribut annuel et de lui donner aussi sa fille en otage, peut-être Ageltrude qui devait avoir à l’époque aux environs de dix ans, ou une de ses soeurs.

En l’an 876, le jeune comte[3] de Camerino Guy Junior accompagna son frère Lambert, duc de Spolète en mission diplomatique en Campanie auprès des princes lombards locaux pour les persuader de former une ligue contre les Sarrasins[4] (sur ordre de Charles II le Chauve et du pape Jean VIII). C’est peut-être au cours de cette mission qu’Ageltrude fit la connaissance de Guy. À partir de cette année, il apparaît dans les chroniques comme un vaillant chevalier qui lutte contre les envahisseurs Sarrasins. Le moine Erchempert narre qu’il tua le cruel tyran Ismaélite Arrane et trois cent de ses hommes[5 ] à un endroit appelé Caudo (les Fourches Caudines).

Si c’est vraiment Ageltrude qui avait été otage des Sarrasins, elle dut voir Guy comme un grand héros et tomber amoureuse de lui bien qu’il soit Franc. Il y avait une haine profonde entre Lombards et Francs à la suite de la défaite du roi Didier par Charlemagne, et Adalgis était mal vu à cause de ses rapports d’amitié avec les ducs francs de Spolète. La situation pour le prince de Bénévent précipita en 878. Durant son voyage de retour dans sa capitale, après avoir assiégé et pris le château de Trivento en Molise, il fut tué par ses gendres, ses neveux et par des amis[6].

On peut raisonnablement supposer qu’après cet événement tragique, Ageltrude entra au couvent, mais l’année suivante et peu avant qu’elle prenne les voeux, Guy réapparut sur la scène et la demanda en mariage[7]. En effet, leur fils Lambert devrait être né autour de l’an 880. Les comptes tombent donc juste[8].
Durant ces mêmes années, le duc de Spolète, Lambert, frère aîné de Guy, mourut. Le duché passa à son fils Guy dit « la Rage ». Ce dernier mourut lui aussi et le duché passa à Guy Junior de Camerino[9], qui continua son exténuante lutte contre les Sarrrasins, aussi et surtout pour le compte de l’empereur Charles III dit le Gros (premier saxon carolingien), jusqu’à ce qu’il commette une erreur : il fit la paix avec ses ennemis et demanda un dédommagement des frais de guerre à l’empereur.

Sur instigation du pape Marin (pape de 882 à 884), Charles le Gros accusa Guy Junior de lèse-majesté. Il dut ainsi fuir à Bénévent, emmenant avec lui sa femme Ageltrude et son fils de quatre ans, Lambert. Quelques années passèrent durant lesquelles Guy ne combattit plus, au contraire, les textes allemands (comme les Annales de Fulda) parlent ouvertement d’alliance avec l’ennemi musulman, accusations qu’Erchempert (qui a probablement connu personnellement le futur empereur) ne fit jamais à Guy.

En l’an 885, l’empereur qui connaissait bien la valeur du grand général, lui ouvrit de nouveau les portes de la cour pour l’utiliser dans la guerre contre les Sarrasins.
Guy donna une déverrouillée aux Sarrasin sur le Garignano et en prime, le pape Stéphane V l’adopta comme son fils et lui donna la principauté de Capoue et de Bénévent[10] , les terres sur lesquelles était née sa femme Ageltrude. À cette époque, Charles le Gros tomba malade et fut probablement opéré au cerveau par les chirurgiens de Preci (une école de chirurgiens qui rivalisait avec l’école naissante de Salerne). Il ne guérit pas et fut déposé[11].

Cette circonstance provoqua un vide de pouvoir durant lequel différents seigneurs dans tout l’empire carolingien se proclamèrent « reguli » (petits rois) mais comme personne ne parvenait à arriver sur le solium d’Aquisgranum pour se faire confirmer, ils se soumirent tous au roi des Germains. Tous sauf Guy Junior qui fut sacré empereur le 21 février 891 avec sa femme et son fils Lambert par le pape Stéphane V (pape de 889 à 894).

Le couronnement eut lieu grâce à l’intercession de Foulques, archevêque de Reims (mort dans un guet-apens le 17 juin 900)[12] et cousin des Vidoni[13]. Pendant des années, Guy combattit contre Bérenger de Frioul et l’allemand Arnolphe de Carinthie. En 894, l’empereur mourut peu après avoir refoulé Arnolphe de l’autre côté des Alpes, laissant l’impératrice et son fils de 14 ans avec le titre de dauphin. La lutte pour le titre d’empereur se rouvrit et le plus fort était de nouveau Arnolphe de Carinthie. Pour conquérir son amitié, Formose, le nouveau pape philo germanique, l’appela à Aquisgranum et le fit élire sur le solium.

Non content de son élection, (896) Arnolphe essaya aussi de séduire la belle Impératrice à Fermo, mais celle-ci l’empoisonna. Il ne mourut pas mais devint paralytique et idiot et fut renvoyé dans ses terres où il mourut en 899 dévoré par les vers, comme l’écrit Luitprand de Crémone[14] .

Le pape Formose mourut aussi à la même époque. Une légende créée de toute pièce par des historiens du XIXème siècle raconte que pour se venger, l’impératrice fit exhumer et juger son cadavre au cours d’un procès après lui avoir fait couper les trois doigts de la main droite qu’il avait employés pour signer les documents et qu’à la fin elle donna la cadavre du pape au peuple qui, se rappelant des sièges que les allemands lui avait fait subir, jeta les restes du pape dans le fleuve.

En 897, lorsque désormais la tempête provoquée par « l’aventurier allemand qui avait infligé tant de maux à l’Italie », comme l’écrivit Benoît de Soratte[15], s’était calmée, l’impératrice fit son entrée à Bénévent pour remettre le duché à son frère Radalgis. Mais les tragédies n’étaient pas finies pour Ageltrude. L’année suivante, son fils Lambert, l’empereur légitime, mourut mystérieusement durant une battue de chasse à Mastrengo[16]. L’unique témoin de la mort de Lambert fut le fils d’un comte que le jeune empereur (quand il mourut il avait dix-huit ans), avait fait exécuter quelques mois auparavant parce qu’il était un des partisans d’Arnolphe de Carinthie. De nombreuses années plus tard, le misérable admit devant Bérenger l’homicide du dernier Vidoni, la famille de Camerino[17] qui aurait pu déplacer l’axe de l’empire des germains aux italiques.

À la mort de Lambert en 898, les moines de l’abbaye de Farfa, après sept ans de siège des Sarrasins, se transférèrent dans différents endroit d’Italie et fondèrent en outre le monastère forteresse de S. Vittoria in Mantenano dans la région de Fermo.

Le monde de l’impératrice s’était écroulé, il ne lui restait qu’à retourner au couvent qu’elle avait quitté dans sa jeunesse pour épouser son bien-aimé Guy. Elle fut toujours protégée d’abord par l’empereur Louis III (dit l’Aveugle, parce qu’aveuglé par Bérenger qui convoitait la couronne impériale qu’il obtiendra finalement en 915), et puis par Bérenger, qui s’empressèrent de lui assurer leur amitié et de lui confirmer les donations qu’elle avait reçues des rois et empereurs.

Parmi les confirmations de propriété, il y avait deux monastères : un à Fiume (près de Pieve Torina dans la région de Camerino), dit « à Assise » pour une raison de vieille controverse d’autorité épiscopale sur Pieve Torina entre les diocèses de Spolète et de Camerino[18] et un second à Pollenza (Macerata). Il s’agit de l’abbaye de Rambona, qu’elle avait fait reconstruire (ou construire suite à la gigantesque invasion des Sarrasins en 880[19 ], dont parle Erchempert). En mémoire de cette occasion elle a fait sculpter un diptyque en ivoire, conservé aujourd’hui au Musée du Vatican.

Les dernières informations concernant la « glorieuse Impératrice » nous disent qu’en 923 elle se serait installée à Fontana Brocoli (aujourd’hui Salsomaggiore Terme). Nous ne savons pas quand et comment elle serait morte mais une légende de Camerino parle de fin tragique.


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[1] Dans le diplôme que Bérenger Ier fit rédiger à Pavie le 13 juin 910, Ageltrude est appelée « Ageltrudis gloriosa imperatrix ». Voir Luigi Schiaparelli, I Diplomi di Berengario I – Rome 1903, pages 192-193.
[2] Adeltrude, la mère de l’impératrice, est mentionnée une seule fois dans un acte du Liber preceptorum Beneventani monasteri S. Sophiae, Voir encyclopédie Treccani sur les personnages italiens à la rubrique « Adelchi ».
[3] Guy Junior (comme il était appelé par son contemporain Erchempert pour le distinguer de son père Guy Senior), est cité avec le titre de comte dans un acte de juin 876, datant de la première année du règne impérial de Charles et de la première année comme comte de Guy. Voir encyclopédie Treccani sur les personnages italiens à la rubrique « Guido ».
[4] Voir Erchempert, Storia dei Longobardi, Riposters – Salerne, 2003, chapitre 39 page 52.
[5] Voir Erchempert, oeuvre citée, chapitre 79, page 79.
[6] Voir Erchempert, oeuvre citée, chapitre 39, page 53. Il faut noter que le moine cite toujours Guy Junior avec son prénom et son nom, et qu’il n’apparaît pas (malgré le mot « amis ») dans le guet-apens contre le père de la femme aimée.
[7] Dans le testament rédigé en 907, Ageltrude fit écrire qu’elle quittait le couvent, comme elle avait déjà fait à l’époque de Guy dont tout le monde se rappelait, où elle s’était réfugiée à la mort de son fils en 898. Voir Graziosi-Natali, L’Imperatore Guido, éd. Aquis Chienti 2007, pages 77-80.
[8] Il existe un diplôme selon lequel Lambert serait né quelques années avant, mais il a été reconnu comme faux.
[9] Voir Erchempert, oeuvre citée, chapitre 79, page 79.
[10] N.D.L.R. : qui ne lui appartenaient pas.
[11] Voir G. Carnevale, S. Marone e l’Alto Medioevo in Val di Chienti, Civitanova Marche 2002, page 29.
[12] Information donnée par Richerio, auteur (sur le conseil de Gerbert d’Aurillac) d’Histoire de France (888-995), édité et traduit par Robert Latouche à Paris en 1967, éd. Les Belles Lettres, pages 43-47.
[13] N.D.L.R. Les Vidoni en Italie étaient en fait la dynastie franque des Wido ou Wipo comtes de Camerino, descendants de Charlemagne.
[14]Liutprand de Crémone Antopolis ovvero Libro della retribuzione dei re e dei principi d’Europa, livre premier, chapitres 32-36.
[15] Voir Benedicti Chronicon, page 162.
[16]Liutprand de Crémone, oeuvre citée, livre premier, chapitres 42-44.
[17]Camillo Lilii, Historia della città di Camerino, 1635, page 144 écrit textuellement « C’est ainsi que finit l’empire des marquis de Camerino ».
[18]Voir Graziosi-Natali, L’Imperatore Guido, éd Aquis Chienti 2007, page 43 note 51.
[19] Voir Erchemperto, oeuvre citée, chapitre 44 pages 56-57.

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